Thèse de Christine GODEFROY
Date de soutenance : 16 janvier 2015 à l’Université de Rouen Normandie.
Titre de la thèse : Les marabouts tidjanes au Sénégal. Pouvoir, territoire et développement.
Directeur : Michel Lesourd.
Résumé de la thèse : Le Sénégal, pays pauvre en développement, est une république démocratique et laïque. L’islam, religion dominante, est marqué par l’influence de la Tijâniyya, confrérie majoritaire dans le pays. La Tijâniyya sénégalaise est organisée en grandes familles maraboutiques. Elle a pris de l’ampleur surtout pendant la colonisation française. La géographie religieuse du Sénégal reflète cette structuration : les « territoires du religieux » sont des pôles d’ancrage et des espaces d’influence inégalement étendus, du local au mondial, renforcés par les technologies nouvelles de communication. L’ancrage spatial et territorial de la Tijâniyya est examiné selon une triple approche organisationnelle, d’enjeux de pouvoir et d’éthique. Les thématiques de cette recherche mettent en évidence l’action des familles religieuses pour le développement du Sénégal et sa place dans la Ummah. En termes de développement humain et social, la thèse examine la position des marabouts par rapport aux droits de l’homme, à la démocratie et la laïcité, et l’appropriation de ces concepts, avec l’éthique musulmane. Leur implication dans le développement social, dans les campagnes comme à la ville, suppléent aux défaillances de l’État dans l’éducation, la santé et la famille. En termes de développement économique, la recherche de ressources propres permettant l’autonomie d’action explique l’importance des activités agricoles, et aujourd’hui l’engagement des familles dans des activités de service et de commerce, principalement en ville. Conformément à l’éthique islamique, une partie des ressources économiques vont aux actions sociales. Les réseaux, notamment familiaux, permettent de disposer de ressources internationales pour financer leurs actions au Sénégal. La thèse examine le positionnement des marabouts par rapport au « politique », qu’il s’agisse de relations internationales ou de politique intérieure. Le pouvoir politique mobilise certains religieux au service de la diplomatie, et dans la régulation de conflits locaux, nationaux et internationaux, principalement en Afrique et dans les pays de la Ummah. Depuis peu, une tendance à une participation accrue à la vie politique se développe. Mais les positionnements restent divers : refus, participation limitée, engagement, au nom de l’éthique musulmane et du développement du pays.