Thèse d’Alexandre GEFFROY
Date de soutenance : 16 novembre 2018 à l’Université de Rouen.
Titre de la thèse : Pour une compréhension spatiale des dynamiques liées à une crise sanitaire. Le cas de l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) en France.
Directeur : Emmanuel Éliot.
https://hal.archives-ouvertes.fr/IDEES/tel-02018300
Résumé de la thèse : L’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB), maladie animale découverte en 1986, est reconnue comme un problème de santé publique depuis 1996, date à laquelle son lien avec la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob fut avéré. Dans ce contexte, les autorités françaises et européennes développèrent différentes mesures afin d’endiguer l’épizootie et réduire les risques d’exposition des consommateurs. Les instances gouvernementales se concentrèrent, notamment, sur les farines animales. Ces produits, fabriqués à partir des déchets animaux non consommés par les êtres humains et distribués dans l’alimentation des animaux d’élevage, furent, en effet, reconnus comme le vecteur de propagation de l’agent pathogène dans les troupeaux. En France, ces farines furent complètement interdites d’usage dans les rations alimentaires des animaux d’élevage le 14 novembre 2000. Cette décision plaça alors les pouvoirs publics dans une situation de crise puisque, malgré leur interdiction, leur production demeura et demeure toujours obligatoire car ces dernières permettent de réduire en masse et en volume les quantités de déchets animaux. Les autorités durent ainsi trouver de nouveaux exutoires pour ces produits dont la production atteignait, en 2000, un volume hebdomadaire de 8 000 tonnes. C’est dans ce contexte de gestion d’un produit reconnu nationalement à risque sanitaire que s’inscrit ce travail. La thèse repose sur l’exploitation d’archives de différentes natures (gouvernementales, industrielles, médiatiques et associatives) et poursuit un double objectif. Elle cherche, d’une part, à reconstruire la temporalité de l’action publique dans la gestion des farines animales au regard des différents acteurs locaux impliqués et, d’autre part, à identifier les niveaux d’action et stratégies territoriales en jeu dans le maintien ou la résorption de cette crise. Pour mieux comprendre les processus de territorialisation de l’action publique, la thèse s’inscrit dans une approche mixte qui intègre dans le questionnement géographique les réflexions associées aux « instruments de l’action publique » [Halpern C., Lascoumes P., Le Galès P., 2014] et croise les apports des analyses quantitatives et qualitatives.