À propos de « War Losses & Naval Warfare »
Ce programme regroupe Sciences Po Aix et le Centre méditerranéen de sociologie, de science
politique et d’histoire UMR 7064 (Mesopolhis), le Centre de Recherches en Histoire
Internationale et Atlantique (CRHIA, Nantes Université), le laboratoire Identité et
Différenciation de l’Espace, de l’Environnement et des Sociétés (IDEES, Université Le Havre
Normandie), l’équipe BONES du laboratoire ADES UMR 7268 (Aix-Marseille Université) et
le Service historique de la Défense (SHD) et bénéficie du soutien du groupe international de
recherche War Losses & Casualties, de l’université d’Oxford, du NIMH, du King’s Collège
London.
Calendrier et logistique
Le comité scientifique recevra un résumé de la présentation d’environ 300 mots, accompagné
d’une courte biographie avant le 1er octobre 2025 à l’adresse suivante :
warlosses.navalwarfare@gmail.com
Les réponses seront communiquées au plus tard début novembre 2025. Dans la perspective
d’une publication rapide des actes du programme War Losses & Naval Warfare les papiers des
participants à cette troisième journée sont souhaités au plus tard fin mai 2026.
Les langues de travail seront le français et l’anglais.
Les organisateurs prendront à leur charge les dîners et déjeuners à Nantes. Ils pourront
contribuer aux frais de transport et d’hébergement, en particulier pour les jeunes chercheuses
et chercheurs.
War Losses & Naval Warfare
PE(A)NSER LES PERTES NAVALES :
ADAPTATIONS MÉDICALES, NORMES JURIDIQUES ET
ENJEUX DIPLOMATIQUES, EFFETS POLITIQUES ET
MÉMORIELS (XVIIIe-XXIe siècle)
Nantes - 2-3 avril 2026
Par ses caractéristiques physiques, le milieu maritime façonne les spécificités du combat naval
qui se distingue nettement des engagements se déroulant à terre. L’immensité, la fluidité et
l’hostilité de l’environnement marin confèrent aux affrontements en mer un caractère souvent
bref, destructeur et décisif. Cette réalité entraîne souvent la perte massive et soudaine de vies
humaines et de plateformes, comme l’illustrent des exemples aussi divers que celui du HMS
Indefatigable lors de la bataille du Jutland (30-31 mai 1916) dont l’explosion ne laisse que 2
survivants sur les 1 017 hommes à bord, celui du Yamato, en avril 1945, dont la destruction
coûte la vie à près de 3 000 hommes ou, plus récemment, le torpillage du croiseur argentin
General Belgrano par un sous-marin nucléaire d’attaque britannique lors de la guerre des
Malouines.
Selon l’adage attribué à Platon, « Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux
qui vont sur la mer ». Mais comment appréhender les spécificités de la mort en mer lors d’un
combat ? Celle-ci soulève en effet une série de questions qui persistent du XVIIIe au XXIe siècle
en dépit de l’évolution technologique des plateformes, des systèmes d’armes ou des capacités
de prise en charge sanitaire des hommes d’équipage. Par ailleurs, la mort lors d’un combat se
déroulant en mer, bien plus que sur terre, met l’accent sur la question de la matérialité du corps
et des rites funéraires traditionnels. Comment appréhender la disparition massive de corps dans
les profondeurs océaniques ? Quelles sont les implications pour le deuil, la commémoration et
la gestion administrative des pertes ? Comment le droit international s’est-il adapté à ces réalités
particulières ?
Ce troisième et dernier colloque du programme « War Losses & Naval Warfare » se propose
d’étudier les conséquences humaines, matérielles et sociétales des pertes navales au combat, du
XVIIIe au XXIe siècle. Il vise à explorer les spécificités des suites du combat naval, caractérisées
par la brutalité des affrontements, l’ampleur des pertes humaines et matérielles, la particularité
de la mort en mer. Nous invitons les chercheurs de toutes disciplines (histoire, histoire de l’art,
droit, archéologie, sciences politiques, sociologie, anthropologie, etc.) à soumettre des
propositions de communications s’inscrivant dans l’un des axes de recherche définis. Celles-ci
pourront porter sur tous types de combats impliquant des forces ou des capacités navales, qu’ils
se déroulent en mer, sous la mer ou dans l’espace aéromaritime, y compris les opérations
amphibies. Une attention particulière sera accordée à l’évolution des pratiques, des normes
juridiques, des enjeux diplomatiques et des processus mémoriels liés aux pertes navales.
L’étude de la mort en mer au cours d’un combat naval mobilise des registres différents, mais
connectés, que les communications sont invitées à considérer, notamment
• Retour d’expérience (RETEX) et adaptation des pratiques. Cet axe invite à une
réflexion sur la manière dont l’analyse rétrospective des pertes navales influence
l’évolution des doctrines, des tactiques et des technologies. Il faut intégrer à l’analyse
le coût que représentent la perte de systèmes particulièrement complexes et coûteux
comme celle de personnels aux compétences rares et à la formation longue. Dans quelle
mesure les pertes lors des combats navals conduisent-elles à des ajustements en matière
de formation des équipages, de conception des navires, de développement des
plateformes et des armements ou d’organisation de la prise en charge des hommes morts
en mer ? De quelles manières les pertes obligent-elles les services de santé à modifier
leurs pratiques médicales et prophylactiques afin d’améliorer la prise en charge des
vivants comme des morts ?
• Pertes navales, droits de la guerre/humanitaire et traités internationaux. Dans
quelle mesure l’impact des pertes humaines et matérielles au cours d’un combat naval
pèse sur les relations internationales et la codification d’un droit de la guerre sur mer ?
Il s’agira d’examiner les mécanismes juridiques mis en œuvre lors des « sorties de
guerre » (recueil et identification des victimes, gestion des épaves qui sont parfois autant
de cimetières marins) pour montrer les mécanismes juridiques à l’œuvre au moment de
la fin des combats (retour des prisonniers par exemple) et mesurer la mise en place de
nouvelles normes internationales spécifiques à l’engagement naval. Ainsi, on
envisagera par exemple l’émergence de normes spécifiques au combat naval, telles que
les règles relatives à la protection des navires-hôpitaux, à la conduite de la guerre sous-
marine ou à l’utilisation des mines. Une attention particulière sera apportée à la question
des navires et donc des équipages non militaires (flotte auxiliaire, navires marchands
nolisés, armement militaire des bâtiments de commerce, etc.)
• « L’arithmétique du malheur » : dénombrement, identification et prise en charge
des victimes des combats en mer. Il s’agira d’envisager les défis singuliers posés par
le dénombrement des victimes dans un contexte d’affrontement sur mer. Comment se
sont développés des systèmes administratifs et logistiques pour suivre les personnels
embarqués, identifier les disparus et informer les familles ? Quelles sont les difficultés
spécifiques liées à l’identification des corps en mer, en particulier en cas de destruction
massive des navires ? Il s’agira également d’ouvrir cet axe à l’organisation des services
sanitaires en charge des blessés et d’approcher la gestion des morts. Une attention
particulière sera accordée aux évolutions des pratiques funéraires et des rituels de deuil
en mer, ainsi qu’aux enjeux de mémoire liés à la disparition des marins.
• Artialisation, patrimonialisation et mémoire. Comment la mort en mer lors du
combat est-elle représentée, commémorée et transmise ? Cet axe invite à une
réflexion sur les modes de représentation artistique des combats navals – à des fins
idéologiques, d’exaltation des gloires passées ou dans un but commémoratif – avant
d’examiner leur éventuelle patrimonialisation et les enjeux de mémoire dont ils sont
l’objet dans l’espace public que celui-ci soit national, régional ou local. Comment les
peintres, les écrivains, les cinéastes et les musiciens se sont-ils emparés de cette
thématique ? Quels sont les images, les symboles et les récits qui dominent les
représentations du combat naval ? Les communications pourront également examiner
les processus de patrimonialisation des navires de guerre, des épaves et des sites de
bataille, en analysant les enjeux mémoriels et les conflits d’interprétation liés à leur
conservation et à leur présentation au public. Un intérêt sera accordé aux pratiques de
commémoration des pertes navales, en explorant les lieux de mémoire, les cérémonies
et les rituels qui contribuent à entretenir le souvenir des marins disparus en l’absence de
corps.
Organisateurs : David Plouviez, Benoît Pouget, Jean de Préneuf, Thomas Vaisset.
Comité scientifique : David Plouviez et Éric Schnakenbourg (Université de Nantes- CHRIA),
Benoît Pouget et Nicolas Badalassi (SciencesPo Aix – Mesopolhis), Jean de Préneuf
(SHD/Université de Lille), Thomas Vaisset (Université Le Havre Normandie -IDEES), Erica
Charters (Oxford University), Jean-Marie Kowalski (École navale/Université Paris Sorbonne),
Taline Garibian (UNIGE), Elisabeth Anstett (UMR ADES), Bertrand Taithe (Manchester
University), Alan James (King’s College London), Chris Martin (University of Hull), Guy Chet
(University of North Texas), Ben Schoenmaker (NIMH).