Mon sujet de thèse s’intéresse à l’origine, à la production, à la distribution et à l’utilisation des métaux monétisés en Haute Normandie, du règne de Louis XVI au Second Empire. L’atelier monétaire dont dispose la Normandie à cette période, installé à Rouen, est très actif avant la Révolution, sous le Ier Empire et la Seconde Restauration : le cuivre, l’or et surtout l’argent y sont transformés en quantités parfois considérables en pièces de monnaie afin de faire passer la population au système décimal.
Il convient dès lors d’établir l’origine du métal mis en œuvre, et dans quelles proportions sont transformées les monnaies royales des siècles précédents en francs, afin de distinguer la part des métaux réutilisés de celle des métaux nouvellement introduits. Il s’agit ensuite de déterminer les logiques de production des différentes espèces, ainsi que leur destination. Les réformes monétaires successives, la financiarisation croissante du monde politique, ainsi que les développements industriels et commerciaux de la Normandie ont manifestement eu des conséquences sur les besoins et les usages monétaires. L’industrialisation textile pourrait ainsi être à l’origine de la commande de certaines espèces à destination des échanges et des salaires ouvriers, différentes de celles utilisées par le grand commerce ouvert sur l’Atlantique.
Cette thèse, financée par la Région Normandie, propose donc d’étudier la monnaie réelle métallique dans l’ensemble de l’espace haut normand en transformation, de sa fabrication aux conditions de son utilisation dans toutes les couches de la société, tant dans ses aspects quantitatifs et qualitatifs.