Grade
- Chercheurs et/ou Enseignants chercheurs
1 Jan 2018
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schneiderjb@yahoo.fr
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Histoire d'une compétition internationale : l’alimentation des voyageurs dans les ports et à bord des transatlantiques (1818 – 1914)
Composition du jury :
M. Jean-François Klein, Professeur des universités, Université Le Havre Normandie, directeur de thèse.
Mme Leora Auslander, Professeur des universités, The University of Chicago.
M. Bruno Lecoquierre, Professeur des universités, Université Le Havre Normandie.
Mme Corinne Marache, Professeur des universités, Université de Bordeaux Montaigne.
M. Philippe Rygiel, Professeur des universités, École Normale Supérieure de Lyon.
Mme Françoise Taliano-Des Garets, Professeur des universités, Institut d’études politiques de Bordeaux.
M. Jean-Pierre Williot, Professeur des universités, Sorbonne Université.
Résumé :
Des premières traversées transocéaniques régulières entre l’Ancien et le Nouveau Monde du début du XIXe siècle à l’arrivée des grands paquebots du début du XXe siècle, l’alimentation à bord des transatlantiques fait partie intégrante du voyage maritime. Qu’elle soit destinée aux voyageurs de première classe ou d’entrepont, elle répond à un besoin élémentaire de se restaurer hors de chez soi. Face aux demandes de la clientèle en perpétuelles mutations, au gré des progrès techniques, des prescriptions législatives et des contextes historiques, l’évolution de l’alimentation embarquée s’inscrit dans un processus continu d’adaptations dont les enjeux économiques, politiques, sociaux, religieux, artistiques ou encore philosophiques dépassent un simple acte de consommation. Cette étude se présente sous la forme d’une analyse globale de la « filière du manger ». Elle prend en compte les principaux facteurs interactionnels qui la construisent : des circuits d’approvisionnement aux méthodes de stockage et de conservation des denrées, des lieux de production et de transformation des matières premières aux espaces de distribution en passant par les menus, les boissons, le personnel, les manières de table, le rôle et la mise en scène des repas en mer jusqu’au comportement du consommateur. Pendant près d’un siècle, la Compagnie Générale Transatlantique, la Cunard et la Hamburg-Amerika Linie, réunies sur la même ligne de l’Atlantique Nord, se livrent à une véritable compétition internationale pour conquérir leur clientèle. Stimulées par l’envie de surpasser leurs concurrents, les sociétés maritimes surenchérissent dans de multiples domaines : vitesse, sécurité ou encore confort des aménagements de leurs paquebots. Cette escalade constante s’applique également à la qualité de la table proposée aux passagers, cœur de notre thèse. Les résultats de nos recherches, tantôt centrés sur la compagnie maritime française, tantôt élargis aux sociétés de navigation anglaise et allemande, permettent de déceler des analogies et de mesurer des divergences dans l’offre alimentaire dispensée avant et pendant la traversée. Enfin, cette étude s’inscrit dans un contexte bien particulier, celui d’une économie du monde atlantique en pleine mutation au sein duquel règne une forte compétition maritime internationale où technicité des navires et culture alimentaire s’avèrent être de puissants leviers économiques et diplomatiques. Elle démontre de quelle manière la renommée mondiale de la gastronomie française proposée à bord des navires de la Compagnie Générale Transatlantique a permis à la French Line de se démarquer de la concurrence. Réseaux de diffusion d’un savoir-vivre à la française, les voyages réguliers de ses paquebots ont contribué au rayonnement outre-Atlantique du modèle culinaire national.
Abstract :
From the first regular transoceanic crossing between the Old and the New Worlds in the early 19th century, to the arrival of bigger passenger ships in the early 20th century, eating onboard was an integral part of sea travel. Whether it was aimed at First Class passengers or those from the lower decks, food had to fulfil a vital need to eat away from home. In the face of ever-changing circumstances, between new customer demands, the progression of technical abilities, and changeable legal and societal regulation, the evolution of eating aboard was part of a never-ending adaptation process. This study can be described as a comprehensive analysis of the food system. It takes into account its main interactional factors, starting with the practical means of providing food onboard: the procurement of supplies and storage methods utilised, food preservation techniques, the production and processing premises, and distribution spaces. This study also focuses on the culture around food onboard, including menus, drinks, table manners, the role and dramatisation of meals and consumer behaviour. For the better part of a century, the Compagnie Générale Transatlantique, the Cunard and the Hamburg-Amerika Linie, all running the North Atlantic route, were locked in a fierce competition to win over customers. Stimulated by the prospect of outperforming their competitors, these shipping companies sought to gain advantages in speed, security or onboard comfort. This escalation also applied to the quality of food and eating environment offered to passengers. This last aspect is at the core of this research, the results of which allow us to perceive analogies and to assess differences in the food available before and during travel not only on the French, but also on the English and German lines. Finally, this research attempts to demonstrate how offering globally renowned French gastronomy aboard the Compagnie Générale Transatlantique allowed the French Line to stand out compared to its competitors. These passenger ships’ regular travels helped to spread a French art-de-vivre and contributed to the influence of the French culinary model on the other side of the Atlantic.
Ancien administrateur des archives French Lines du Havre et enseignant dans le secondaire.